Parti communiste français - Section de Montlouis
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Nous remercions l'Association pour les informations qu'elle nous a donné.


ASSOCIATION AMBOISIENNE POUR LE SOUVENIR
d’Edouard LEMARCHAND
16, allée de la Grenouillère 37 400 AMBOISE
Président : Edgar BUÑALES
Enregistrée en Préfecture sous le numéro 0372014 579


Rappel historique


Qui était Edouard Lemarchand ?


Né le 11 mai 1921 à Amboise dans une famille ouvrière habitant rue St Denis.

Ecole de la Noiraie, il passe son Certificat d’Etude. Son instituteur : Marcel Nay, futur martyr de la Résistance.

Apprenti menuisier chez Mr Rouzic, place du commerce (Richelieu).

1937/38 il est licencié à l’Etoile Sportive de St Denis Hors (absorbée depuis par Amboise) il pratique le basket et prend déjà des responsabilités.

Ayant fuit, avec son ami René Cour-tin la réquisition pour le travail obligatoire en Allemagne, il est arrêté et envoyé Outre Rhin comme réfractaire au STO.

Au retour, il adhère au PCF et participe à la naissance du Sporting Club Amboisien : lutte, basket, il joue les dirigeant.

Artisan, son atelier et sa camionnette sont toujours à disposition du club.

Il est l’un des responsables de la section du PCF amboisien : Militant infatigable de la solidarité (avec les grévistes de 1953) de la Paix : contre la guerre en Corée, en Indochine, en Algérie…

Toujours actif et estimé dans son club, il est aussi dirigeant départemental de la FSGT.

Il est titulaire de la médaille d’honneur de la FFCC.

Il travaillait au journal l’Humanité depuis 1 an lorsqu’il est assassiné le 8 février 1962 au métro Charonne.


Plaque de la rue E. Lemarchand à Amboise

Paris, février 1962.

La perspective d’une fin de la guerre d’Algérie semble s’être éloignée depuis la suspension des pourparlers de paix, le 28 juillet 1961, entre le GPRA. (Gouvernement Provisoire de la République Algérienne) et le gouvernement français. Cependant, dans les arcanes du pouvoir, tout le monde s’accorde à dire que la seule issue possible est l’indépendance de l’Algérie. S’accrochant désespérément à leur rêve d’une Algérie française, les fascistes de l’OAS. (Organisation Armée Secrète), multiplient les attentats en Algérie et en Métropole. Cette stratégie de la terreur vise à mettre la pression sur le gouvernement français, qui se dit de plus en plus favorable à de nouvelles négociations avec le GPRA.

Face à ce “péril brun”, les milieux de gauche se mobilisent autour du Comité Audin (Comité d’intellectuels luttant pour faire la lumière sur la disparition de Maurice Audin, militant du Parti Communiste Algérien), du PCF, de l’UNEF, et du PSU. Dans les universités, des journées de grève sont organisées avec succès, ce qui pousse de Gaulle à déclarer: “Le peuple n’a pas à se préoccuper du problème de l’OAS ; c’est aux forces de l’ordre d’agir”. Cependant, les forces de l’ordre ne sont pas aussi zélées dans leur lutte contre le terrorisme de l’OAS que dans la répression des sympathisants de la cause algérienne. Le 7 février 1962, dix attentats sont commis, à Paris, par l’OAS. Les cibles sont des universitaires, des élus du PCF, des officiers, des journalistes ainsi que le Ministre de la Culture, André Malraux. La bombe qui visait ce dernier blesse grièvement une enfant de quatre ans, Delphine Renard, qui perdra un œil et sera défigurée.

Cette vague d’attentats pousse la gauche à organiser un rassemblement, le 8 février 1962, place de la Bastille à Paris. Or, suite à l’état d’urgence décrété le 21 avril 1961, un arrêté préfectoral interdit toute manifestation sur la voie publique.

La manifestation a pourtant lieu. Les consignes des forces de l'ordre sont claires : il ne faut tolérer aucun rassemblement et “faire preuve d’énergie” dans la dispersion des manifestants. Cette “énergie”, les policiers dépêchés sur place vont la fournir de façon dramatique. Le quadrillage de la manifestation est parfait ; c’est en direction d’une véritable toile d’araignée policière que se dirigent les manifestants, à partir de 18h00. 2845 CRS, gendarmes mobiles et policiers sont organisés en cinq divisions entourant le quartier de la Bastille, de la gare de Lyon aux métros Filles du Calvaire et Saint Ambroise, et de la rue Saint Antoine au boulevard Voltaire.

Côté manifestants, on souhaite un rassemblement pacifique ; un communiqué radio précise, le 8 février, que “les manifestants sont invités à observer le plus grand calme”. En outre, les organisateurs prennent la décision de ne pas défiler, estimant que la police ne chargerait pas un rassemblement statique.

A l’heure du rassemblement, les manifestants se heurtent aux forces de l’ordre. Certains sont reflués sur la rive gauche, alors que, sur la rive droite, la tension monte peu à peu. En effet, quelques affrontements se déclenchent boulevard Beaumarchais. La réponse policière est terrible. On matraque des manifestants, des passants, les hommes, les femmes et personnes âgées, jusque dans les cafés et les stations de métro. L’acharnement est tellement aveugle que même des policiers en civil seront blessés.

Mais c’est boulevard Voltaire et rue de Charonne que la répression est la plus violente. Alors que les organisateurs donnent le signal de dispersion, les forces de l’ordre, commandées par le Commissaire Yser, chargent le cortège. En effet, sur ordre du Préfet Papon, il faut “disperser énergiquement” les manifestants. Les policiers chargent avec une telle brutalité et de façon si soudaine, qu’un mouvement de panique s’empare des manifestants, qui tentent de fuir vers la station de métro la plus proche.

Les premières cibles des forces de l’ordre sont des élus communistes, qu’ils frappent à la tête. Puis, c’est au tour des manifestants qui, portés par la foule, trébuchent dans les escaliers du métro et s’entassent les uns sur les autres. Au lieu d’aider les gens qui suffoquent, les policiers les frappent, les insultent, et n’hésitent pas à jeter sur eux les grilles d’acier qu’ils trouvent au pied des arbres, ou encore des grilles d’aération. Le bilan de cette agression est terrible neuf morts. Huit d’entre eux sont morts par étouffement, un des suites de blessures à la tête ; Fanny DEWERPE, Anne-Claude GODEAU, Suzanne MARTORELL, Daniel FERY, Hyppolite PINA, Jean-Pierre BERNARD, Raymond WITGENS, Maurice POCHARD (décédé le 20 avril 62 suite à ses blessures) et Edouard LEMARCHAND. Tous étaient communistes.

Au lendemain du drame, la presse, de façon unanime, stigmatise la responsabilité des forces de l’ordre. Le Ministre de l’Intérieur, Roger Frey, rejette quant à lui toute la responsabilité sur le Parti Communiste, qu’il accuse d’avoir tenu la manifestation malgré l’interdiction officielle. Au passage, le ministre assimile les manifestants aux fascistes de l’OAS, car ce sont là, explique-t-il, “deux ennemis de l’intérieur”. De son côté, la population française est largement choquée par ce déchaînement de répression: entre 500 000 et un million de parisiens assistèrent aux funérailles des victimes.

Cet épisode de la vie politique française témoigne une fois de plus de l’amnésie historique de l’État français, sur certains sujets. Pendant des années, le drame du 8 février 1962 sera relégué aux oubliettes de l’histoire officielle. Il faudra attendre quatre décennies pour voir la réouverture des dossiers sur la guerre d’Algérie, le début d’une prudente autocritique de la part de l’État, et pour que la lumière commence à se faire sur les événements qui ont coûté la vie aux huit victimes de cette terrible journée.


Infos & Perspectives

Le Bulletin des adhérents


Chers adhérents et amis,

2005 voyait se réaliser enfin l’un de nos objectifs initiaux du Comité du Souvenir, à savoir qu’une rue d’Amboise porte le nom de notre camarade de lutte, Edouard LEMARCHAND, assassiné sauvagement avec huit autres manifestants, le soir du 8 Février 1962, au métro Charonne, lors de la dislocation de l’un des nombreux cortèges de la manifestation contre l’OAS et pour la "Paix en Algérie ".

1992, avait déjà été marqué, pour le 30ème anniversaire, par la pose d’une plaque souvenir dans le gymnase Claude Ménard dont deux salles de « Dojo » portent depuis le nom de notre camarade.

L’an passé, un Comité Charonne était créé à Paris. Notre Association se solidarise des objectifs de celui-ci et se fait ainsi connaître.
C’est l’un de ses membres, cinéaste, Daniel KUPFERSTEIN, qui prend contact avec nous, et vient filmer nos cérémonies et réaliser des interviews de camarades qui ont connu Edouard.
Il en est résulté une cassette vidéo d’une heure, qu’il nous a offerte le 8 Février suivant à Paris.


8 Février 2006

Lors de notre Assemblée Générale du 17 Janvier, pour répondre à l’invitation que nous avait faite le Comité Charonne, nous avions donné notre accord pour qu’Edgar BUÑALES se rende à Paris pour y représenter notre association lors des cérémonies organisées durant cette journée.

Les témoignages exprimés durant l’après-midi, témoignent de la mémoire encore à vif des témoins du drame et de l’effort et de la volonté de continuer ce « travail de vérité » comme le qualifiait Hélène REBERIOUX . En voici le compte-rendu.

Arrivé très en avance à la station Charonne, je constatais le fleurissement sous la plaque commémorative et je m’adressais à la personne qui venait de déposer une gerbe « Cellule CHARONNE 11ème » Il s’agissait de Sam ROZENHOLC, le secrétaire de la cellule locale. Il avait affiché les doubles page de l'Huma dans l'entrée de la bouche du métro. « Elles vont y rester au moins une semaine » me dit-il après discussion avec l’agent de nettoyage de la station qui confirma. Remontés à l’angle du Bd Voltaire et de la rue de Charonne, Sam a tenu à m’expliquer en refaisant son parcours … au plus grand étonnement des gens: « Tu vois, moi j’étais juste dans l’angle au moment où les deux cortèges se sont rejoint. Comme j’étais correspondant de l’Huma, je suis rentré dans le café ( et nous y entrons effectivement ) pour téléphoner l’info au journal. J’avais à peine terminé, il y a eu une immense rumeur, des bousculades des cris, les vitres ici ont explosé, je me suis sauvé par la petite cour qui est derrière pour ne pas être pris dans la tourmente !. . . Je n’ai donc rien vu sur les violences. C’est quand j’ai réussi à sortir que j’ai vu l’ampleur du désastre sans en mesurer tout de suite le bilan réel, pire que ce que je pouvais imaginer… »

A 11h prise de parole dans le métro. C’est à 11h30 devant plus de 300 personnes venues de Paris et toute la région parisienne, massées autour de la bouche et sur l’Avenue Voltaire, que les représentants de la CGT et du PCF prirent la parole.

Après un dépôt de gerbe au «Père Lachaise», c’est dans la salle des fêtes du 11ème arrondissement archi comble que l’après-midi était consacré à la présentation de l’ouvrage d’Alain DEWERPE (fils de Fany DEWERPE) historien, Directeur de recherche à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales : «Charonne, 8 Février 1962, anthropologie d’un massacre d’Etat» et à l’analyse des événements autour de Jean-Luc EINAUDI auteur de plusieurs ouvrages de référence dont «La bataille de Paris» sur le 17 Octobre 1961 et la répression de la manifestation pacifique des algériens, événement très lié au 8 Février 62.

Puis les témoignages étaient recueillis dans le public.

Le premier témoignage exprimé fut de Félix JASTREB, chez qui Edouard passait (et dînait) souvent. Il fut pour rendre un hommage émouvant à Edouard et témoigner de l'immense angoisse qui s'est emparée de ses camarades de section du 11ème avec qui il avait rendez-vous après la manif.

«Il a fallu l’aide de notre camarade Guy ATLAN docteur à St Antoine pour retrouver et faire identifier son corps.» Notre section 11ème Méricourt était touchée de plein fouet. Fany DEWERPE et Edouard LEMARCHAND. Edouard était de ma cellule "Frédo Ginolin". Quand sa famille est venue à Paris, c'est chez moi qu'elle fut accueillie. Avec ma femme, nous étions à Amboise pour ses obsèques : 6000 personnes ! Sa famille m'avait laissé sa carte du Parti, sa carte de la CGT et celle des "Amis de Mitchourine". Je les remets aujourd'hui au Comité Charonne afin qu'elles soient offertes et exposées au Musée de l'Histoire de Champigny»

Parmi des dizaines d'interventions, toutes très émouvantes une autre personne a fait référence à Edouard.

C'est dans ce cadre que j'ai présenté l'activité de notre Comité devenu Assossiation et rappelé le contexte de la période qui a précédé ces événements, notamment à Amboise où en 1958 Roger Bunales arrivant en permission d'Algérie avait été enlevé par les gendarmes Place St Denis. Episode complètement ignoré.

En fin d'après-midi, j'étais contacté par plusieurs personnes dont Alain RUSCIO, historien chercheur, spécialiste entre autre de "l'Histoire des mentalités coloniales et de la Décolonisation" qui me laissait sa carte de visite et se disait d'accord pour venir à Amboise pour son travail, mais aussi pour toute initiative de notre Association.

Nous sommes donc sur la bonne voie. La perspective d'une initiative nouvelle à Amboise, se dessine donc à l'horizon 2007. Nous vous tiendrons informés par ce bulltin mais aussi par des rencontres pour solliciter vos propositions, bien sûr.


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